Le Laos, en marge du tourisme classique
Le Laos n’est pas une destination de masse. Son ambition est le tourisme durable et sa réputation est d’avoir tourné le dos à la mondialisation trépidante à l’œuvre dans les pays voisins. La contrepartie de cette authenticité souriante est d’accepter une part d’imprévu. Avec 7 millions d’habitants seulement, la moitié de celle de Bangkok, Vientiane, la capitale, semble une bourgade sur le Mékong. On est vite séduit par cette taille humaine, ses larges avenues à la française, ses jets d’eau et ses feux tricolores. Les hôtels ont cette blancheur coloniale, les jardins sont d’un vert profond et les dorures des stûpas brillent sous le soleil.
Partout dans le pays, on évolue au contact d’une population qui salue l’étranger d’un bonjour « Sabaïdee » toujours cordial, joyeux et le plus souvent désintéressé. La spiritualité, très présente à Luang Prabang, s’est glissée un peu partout dans le pays y compris sur les terres reculées du nord-laos où vivent de nombreuses minorités ethniques. Là-haut sur les sommets, les rites animistes côtoient harmonieusement le bouddhisme représenté dans les villages au fond des vallées. Au total, plus de 60 ethnies cohabitent dans ce petit pays en marge du tourisme classique.
Histoire du Laos, le pays du million d’éléphants
Le Laos est à ce jour encore le pays le moins connu d’Asie du Sud-Est. En marge et un peu énigmatique aussi : les 250 jarres de la Plaine des Jarres taillées dans des blocs monolithiques interrogent les experts qui n’ont pu dater précisément ces vestiges antiques attribués à la première moitié du 1er millénaire avant JC. La pénétration de l’hindouisme et du bouddhisme dans le sud de l’actuel Laos est imputée au Chams et aux Khmers. Au 13e siècle, le bouddhisme supplante l’hindouisme dans le sud-est de l’Asie et le prince lao Fa Ngum est élevé à la cour des souverains khmers. Il fonde le plus grand royaume d’Asie du sud-est, le Lan Xang Hom Khao, s’empare de Luang Prabang qui devient la première cité spirituelle, politique et administrative du royaume du Million d’éléphants. En 1550, Vientiane fondée par le roi Photisarath devient la capitale du royaume. Vientiane et Champassak sont annexées par le Siam en 1768 et seule Luang Prabang maintient une souveraineté lao jusqu’au 19e siècle.
En 1893, la France impose au Siam la reconnaissance de son protectorat sur le Laos qui est intégré à l’Indochine dont il devient une province. Le roi Sisavang Vong est conservé sur son trône, la présence française étant surtout administrative. L’école de la République forme les Laotiens à la culture et aux pratiques françaises. Les temples maintiennent l’enseignement traditionnel en langue lao. L’administration de la colonie impose la construction des routes. Avec la Seconde Guerre mondiale, le prestige de la France s’effondre et le 8 avril 1945, l’indépendance est proclamée, sous pression japonaise. En 1947, une monarchie constitutionnelle laotienne est officialisée dans le cadre de l’Union Française. À la suite des accords de Genève de 1954, les Français rendent aux Lao la pleine souveraineté de leur pays. Si l’on ajoute aux soixante ans de protectorat, vingt années de forte présence culturelle française, quatre-vingts ans de liens relativement forts unissent la France et le Laos.